C’était il y a un quinquennat

on écrivait ceci : Dimanche prochain, votez et votez bien ! (…) Je n’aime pas spécialement hurler avec les loups, mais je crois qu’on a ici un choix important à faire pour l’avenir de notre pays. Parce que je souhaite vivre dans une société généreuse et tolérante, ouverte, libre et démocratique, je voterai pour Ségolène Royal dimanche. Même si elle n’était pas mon premier choix, ni mon premier vote…

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Steve Jobs, Richard Stallman et nous…

Je copie/colle une discussion qui me paraît avoir du sens et mérite d’être ressortie du trou noir qu’est facebook. Elle met au prise quatre participants dont j’ai juste mis les initiales : GG (moi), MB, HC, MH (plus Sarah en guest). Elle débute sur le partage de cet article de 01net : Richard Stallman se dit « content que Steve Jobs soit parti », qui renvoie lui-même à un billet sur le blog de Richard Stallmann, une icône du monde du logiciel libre, dont les phrases choc peuvent être traduites ainsi :

Steve Jobs, le pionnier de l’ordinateur conçu comme une prison cool, mise au point pour supprimer leur liberté aux idiots, est mort. (…)

Je ne suis pas content qu’il soit mort, mais je suis content qu’il soit parti.

Là-dessus s’engage une discussion animée que voici :

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Sept députés…

Fingerprints

Hier après-midi, il y avait onze (onze !!) députés à l’Assemblée nationale (ils sont 577 en vrai hein). C’est con parce qu’une proposition de loi un tout petit peu critique était votée par sept des présents à propos de la nouvelle carte d’identité française biométrique.

Pas beaucoup d’information dans les médias ce matin, sinon sur des sites techniques, comme PC Inpact, zdnet ou le blog de Paul da Silva. C’est con parce que les termes de la-dite proposition de loi sont un rien inquiétants.

Bref, qu’ont donc voté nos chers députés (le texte doit encore passer en commission paritaire) ?

La nouvelle carte d’identité contiendra deux puces, l’une avec les données biométriques – photo, empreintes, taille, etc. -, l’autre permettant de s’identifier sur Internet (!). Ces infos seront centralisées dans une base de données (qui contiendra donc à terme les 45 millions de Français âgés de plus de 15 ans…), accessible notamment à la police (ça c’est un ajout des députés par rapport au texte initial voté par les sénateurs). Qui pourra par exemple bientôt reconnaître à la volée tous les Français visibles sur une vidéo (par exemple dans une manif)… tout simplement. On se plaignait de la multiplication des fichiers policiers depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir : au moins là on est tranquille, y’en aura qu’un seul avec tout le monde dedans.

La loi a été portée par un sénateur, ce qui a permis au texte d’éviter de passer par l’étude d’impact et l’avis de la CNIL (informatique et liberté) avant le vote… Pourtant, il serait peut-être intéressant de se poser la question du risque porté par la centralisation dans un seul fichier informatique des empreintes biométriques de tous les Français, quand on sait la capacité des hackers de s’infiltrer dans n’importe quel système, quelque soit sa sécurisation (voir l’exemple récent de Stuxnet, qui a détruit une partie des installations nucléaires iraniennes).

Bien sûr, la loi est soutenue par le ministre de l’intérieur Claude Géant, qui parle de modernité positive et de simplifier la vie des Français. En gros, faire de la France une espèce de facebook grandeur nature. Certains doivent trouver ça très bien, mais en tout cas on pourra pas dire qu’on ne savait pas. En espérant que le Conseil d’État fasse son boulot après le vote de la loi…

Quoique…

Hier, je tombe sur cette dépêche AFP qui sera largement diffusée dans les médias pendant la journée : les Français jugent que l’intégration ne marche pas, selon un sondage :

76% des Français estiment que les étrangers ne font pas assez d’efforts pour s’intégrer, tandis que 54% d’entre eux jugent que la société française fait suffisamment d’efforts pour permettre aux étrangers de s’intégrer. ….

S’ensuit une tentative d’analyse :

Ces résultats montrent que pour les Français, les étrangers sont avant tout des boucs émissaires, selon Françoise Lorcerie, spécialiste des questions d’intégration au CNRS. « Il est frappant de constater que les Français ont une image diabolisée de l’étranger », observe-t-elle. « Dans une période de crise, on cherche à imputer à d’autres l’origine de nos problèmes », selon la chercheuse.

Et bien moi, ce sondage il me glace le sang. Sans blague. Je ne sais pas comment était posée la question, mais imaginer que trois quarts des Français peuvent déclarer tranquillement que les étrangers (dans leur ensemble, hein, à quoi ça sert de faire dans le détail ?) ne font pas assez d’efforts pour s’intégrer, ça me laisse coi (après m’avoir fait gerber).

Peut-être faudrait-il rendre obligatoire dans nos entreprises le fait de recruter un quota d’étrangers, pour que les Français se rendent compte qu’ils sont comme nous, les étrangers. Les étrangers que j’ai la chance de côtoyer moi, et bien ils bossent (d’ailleurs s’ils sont arrivés ici c’est qu’ils sont plutôt plus intelligents que nous…), ils rigolent, ils faignassent parfois (plutôt moins que nous autres Français d’ailleurs), ils mangent, ils font preuve d’une grande curiosité, ils achètent des vêtements et en général ils boivent même du vin. En tout cas plus que notre président.

Alors on va me dire : oui mais y’en a qui…. Oui, y’en a qui, mais là le sondage il dit que les étrangers ne font pas assez d’efforts, il ne fait pas dans la dentelle. Hop, tout le monde dans le même sac… ou plutôt dans le même bateau, et retour en Afrique, puisque probablement dans la tête du Français qui répond au sondage, tous les étrangers viennent de là bas.

Et je me pose une question : qu’est ce qu’ils doivent penser, ces étrangers, de ce sondage ? Moi si j’étais un étranger dans ce pays, ce matin, un étranger intégré bien sûr (comme ce serait le cas je suppose si j’étais expatrié… ), mon cœur balancerait entre la tristesse de voir s’étaler autant de bêtise crasse et la haine de voir les médias l’entretenir. Mais je crois que la haine ne serait pas loin de l’emporter.

Une dernière réflexion : un Français qui demande à ses potes de passage de faire venir du Camembert et du pinard en fraude alors qu’il vit à l’autre bout du monde (Etats-Unis, Japon…), qui parle français à ses gamins à la maison et qui tâche de rentrer en France tous les ans pour faire le tour de sa famille, est-ce qu’il fait assez d’efforts pour s’intégrer lui ? Ou est-ce qu’il a juste un comportement somme toute… humain ?

On résume…

D’un côté une aumône de 1000€ pour une poignée de salariés, dont chaque ministre a une vision différente mais rejetée unanimement par syndicats et patronat. Mais qu’on se rassure, sur laquelle le président « ne cédera pas », tellement il est attaché à l’égalité et au partage des richesses.

De l’autre la réduction de l’immigration légale, parce que les 20 000 travailleurs bénéficiaires volent l’emploi des 4 millions de chômeurs français…..

Euh… si avec ça il arrive à se refaire une image sociale c’est un peu à désespérer non ? Rassurez-moi, ça ne va pas marcher, les Français se rendent compte que c’est de l’intox ? Hein, rassurez-moi.

LOPPSI 2 et censure de l’Internet

Il y a quelques jours, l’Assemblée nationale a voté la loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, plus connue comme la LOPPSI 2.

Je passe sur l’opportunité d’une enième loi de sécurité visant à restreindre les libertés individuelles, faciliter les expulsions, développer la vidéosurveillance, etc. Je zoome sur un point particulier et particulièrement inique : la mise en place d’une censure officialisée d’Internet (ou la fin de la neutralité d’Internet en France, cf à ce sujet mon billet sur le site de ma boîte).

Vous allez me dire, j’exagère. Et bien même pas : l’article 4 de la loi autorise le blocage de sites web sur le web français, sur décision administrative (loin d’un quelconque juge indépendant…), sans communication au public (la liste des sites bloqués est cachée jusqu’à l’évaluation de la loi, prévue dans les deux ans) et sans procédure de recours.

On imagine que pour faire voter une telle loi, l’argumentation a du être solide. Et bien toujours pas, la seule raison donnée étant la protection de nos enfants des sites pédopornographiques. Comme tous ceux qui utilisent régulièrement Internet (j’en suis à plusieurs dizaines de milliers d’heures de surf dans ma vie), je n’ai JAMAIS été approché par un site pédopornographique, la menace n’existe tout simplement pas. Pourquoi ? Parce que les adeptes de la pédopornographie n’utilisent pratiquement pas des sites Internet, et qu’ils ne sont de toute façon pas accessibles aussi simplement…

Affirmer lutter contre ce fléau en filtrant les sites web, c’est comme dire qu’on soigne une fièvre en cassant le thermomètre. Les politiques qui ont voté cet article ne chassent pas les adultes coupables de ce délit (qui ne vont que multiplier leurs précautions d’échange…), et ne protègent pas leurs victimes. En fait, ils mentent. Tâchons de nous en souvenir en mai 2012. Et bonne année 2011 !

Un peu de lecture à ce sujet :

Réflexions sur Wikileaks…

Les réflexions des politiques (la palme allant à Eric Besson qui souhaite expulser de façon préventive le site du sol français…) et journalistes lues et entendues ces derniers jours à propos de Wikileaks font preuve d’une profonde méconnaissance du Web ou d’une volonté suspecte de travestir la réalité (ou bien les deux à la fois).

Je rappelle à toutes fins utiles que Wikileaks est simplement un site permettant à un contributeur (n’importe qui…) de publier des documents tout en assurant son anonymat, et donc sa sécurité. En gros la seule différence avec la source d’un journaliste, c’est que l’information est donnée au grand public, et pas à une seule personne.

Wikileaks n’a pas « volé » de documents. Il en a reçu d’une source anonyme, comme il en reçoit régulièrement. Et considérant que ces documents diplomatiques étaient potentiellement sensibles, Wikileaks fait justement le choix de passer par le filtre de journalistes aguerris pour s’assurer de ne pas faire courir de risque à qui que ce soit. Il n’y a pas de volonté de nuire aux démocraties (comme j’ai pu l’entendre hier au Grand journal), il y a juste le transfert d’informations vérifiées à des journalistes.

La meilleure preuve que la publication de Wikileaks n’a rien de révolutionnaire, c’est qu’effectivement la très grande majorité était déjà connue, parce qu’elles avaient déjà fuitées auprès de journalistes… La seule différence aujourd’hui c’est le fait que ce soit de façon visible, à destination du grand public.

Concrètement, je pense que les vieux journalistes (Apathie ou Duhamel, pitoyables hier au Grand journal) flippent pour le privilège que leur confère leurs réseaux de sources, et que les politiques y voient un bon moyen de mettre au pas un outil -un peu trop puissant à leur goût- de transmission de vérités, qui avait par exemple sorti en 2008 la tenue des négociations secrètes sur un accord commercial anti-contrefaçon visant à mettre en place un flicage d’Internet au niveau mondial (qui est d’ailleurs en passe d’être conclu).

Comme l’a dit le républicain américain Ron Paul sur son twitter : In a free society, we are supposed to know the truth. In a society where truth becomes treason, we are in big trouble. Voilà, pas mieux.