Toronto #21 : 2022

Post anniversaire : aujourd’hui 17 juin 2022, cela fait quatre ans que nous sommes arrivés à Toronto. Et donc seize ans que nous sommes mariés, pour ceux qui suivent. 😉 #nocesdesaphir

Les jours ont filé, puis les semaines, les mois et maintenant les années… Nous sommes toujours ici – sans réelle certitude au-delà de 2023 mais ni plan de retour non plus. En même temps qui peut aujourd’hui avoir sérieusement des certitudes à plus d’un an ?

Le monde n’en finit pas de changer : Covid, guerre en Ukraine, les élections en France, en Ontario. On craint les conséquences du changement climatique, sans penser à celles à venir des bouleversements des sources d’énergie. Ici en Ontario, avec 57% d’abstention, on vient de réélire un type qui n’a rien trouvé de mieux que de rembourser la vignette automobile de façon rétroactive, et dont la principale promesse de campagne et de construire une énième autoroute pour faire le tour de l’agglomération de Toronto. C’est dire à quel point la majorité des gens s’en foutent toujours. En France le taux de participation sera à peine meilleur ce dimanche (et voterons-nous mieux ? 😉 ), mais au moins les gens ont l’excuse de devoir se déplacer pour un 3e puis un 4e tour de vote en quelques semaines, tout ça pour être sommés de confirmer les résultats du premier tour. Faut pas s’étonner après…

Nous espérions un peu en arrivant ici nous installer dans un rythme où nous pourrions voir quand même relativement souvent la famille et les amis, que ce soit nous qui passions en France ou vous qui veniez nous voir. Nous avons d’ailleurs la chance précieuse d’avoir cet été la visite de trois des quatre grands-parents des enfants. Mais je crains qu’à un plus long terme cela ne devienne bien plus compliqué et que la facilité de déplacement actuelle ne soit plus qu’une parenthèse du début du XXI siècle – j’espère me tromper.

Depuis notre dernier message ici, il y a plus d’un an, nous avons eu la chance de pouvoir déménager dans un appartement plus grand, avec – enfin ! – une chambre pour Gabriel, mais aussi deux salles de bain et tous les petits conforts des condo modernes nord-américains, bien pratique lors des longs hivers canadiens : piscine, salle de jeux, (mini) salle de cinéma, salle de sport, espace de télé-travail, appartement pour les visiteurs, etc. Et quand les beaux jours arrivent, une grande terrasse sur le toit avec barbecue. Pour faire rêver un peu (et vous convaincre d’une escapade par ici si d’aventure vous passiez dans le nord-est de l’Amérique du Nord 😉 ), ils ont même un compte instagram.

[Les deux derniers paragraphes sont complètement contradictoires, je sais. Être préoccupé par l’état de la planète tout en vivant à l’autre bout du monde dans un des pays qui polluent le plus par habitant, cela pousse à une certaine schizophrénie.]

Coté famille, les zouzous étaient cette année tous les trois dans la même école – Gabi en grade 7 (ce qui serait la 5e française), Élisabeth en grade 4 (CM1) et Léonor en JK (2e section de maternelle). Ce sera encore le cas l’an prochain avant que Gabriel ne s’envole en high school, si on poursuit effectivement notre aventure ici. Comme leurs parents, ils se font de nouveaux amis, qui changent souvent d’une année sur l’autre, au gré des mouvements des uns et des autres… Tout ne dure pas, mais au moins on ne s’ennuie pas.

Toronto #20 : jour 1000 !

On parlait de tout et de rien autour de quelques (excellentes) pizzas ce soir, et on s’est dit que ça devait faire dans les mille jours qu’on était arrivés au Canada.

Vérification faite sur le site ephemeride.com : « entre le 17 juin 2018 et le 13 mars 2021, il s’est écoulé 1000 jours, soit 2 ans, 8 mois et 26 jours ». Pile poil.

Au fur et à mesure de ces mille jours, le fil de ce blog s’est émoussé, comme vous avez pu le constater. Nous avons progressivement troqué notre regard d’étrangers pour celui de locaux – ou presque disons. Nous avons eu de plus en plus de travail, moins de disponibilité d’esprit, et puis le virus qui nous oblige depuis un an à la plus grande quiétude…

Bref. Nous allons bien, et nous continuons à nous faire notre place ici – tant que Toronto voudra bien de nous. 🙂

En 2021, les grands événements à venir sont un très probable déménagement avant l’été – afin que Gabriel ait sa chambre, Sarah sa salle de bain en suite, Elisabeth et moi de l’électroménager (et pour tous une piscine dans l’immeuble !!). Et en septembre la rentrée des classes… où pour la première fois les trois seront dans la même école de quartier ! Léonor en 1ère année de maternelle (qui démarre ici un an plus tard qu’en France) et les grands en Grade 4 et 7, l’équivalent du CM1 et de la 5ème (!).

Pas de grand voyage prévu pour le moment, bien entendu. En ce moment, faire un aller-retour entre le Canada et la France, c’est 3 semaines de quarantaine (1 en France, 2 ici) et jusqu’à 2000 dollars de frais à ajouter au simple cout du billet d’avion… Alors on va attendre tranquillement que tout cela se calme… Avec un peu de chance, ce ne sera plus trop long ! Bien moins que 1000 jours en tout cas.

Cheeeeese!

Toronto #19 : le temps des prolongations !

Hello les amis!

2020 est maintenant bien avancé, il est plus que largement temps de donner de nos nouvelles ici. Tout d’abord en cette période compliquée, nous espérons que vous allez bien, ainsi que vos proches et amis. Ici comme en France, la vie a été complétement chamboulée par le coronavirus. Ma chère maman est arrivée à Toronto au tout tout début de l’épidémie, et nous avons partagé avec elle notre dernier restaurant en date, avant que tout ne ferme. C’était le 15 mars… Plus d’école ni de crèche, le travail à distance, les sorties empêchées, les vacances annulées… Mais nous avons surtout conscience que dans la période actuelle, nous sommes très chanceux.

Initialement notre escapade à Toronto devait se terminer très bientôt, à la fin de ce mois de juin. Le contrat de Sarah au SickKids était de deux ans, nos permis de travail également. En même temps, aucun employeur ne nous attendait particulièrement en France. Nos perspectives pour l’après juin 2020 se résumaient donc alors à un « On verra bien ».

En trouvant plutôt rapidement notre place – Sarah à l’hôpital, les enfants à l’école et moi… à Toronto, disons ( 🙂 ) – et en écoutant les conseils des amis rencontrés ici, nous avons engagés début 2019 les démarches pour demander notre résidence permanente. En pratique, la résidence permanente est un visa de séjour et de travail à durée indéterminée, qui fait de ses titulaires des citoyens presque à part entière, à l’exception de la nationalité et du droit de vote. A l’inverse, le fait de ne pas être résident permanent a été un sérieux handicap dans ma recherche d’emploi et de formation lors de mes premiers mois. Dès lors que nous envisagions de poursuivre notre séjour ici, il aurait été idiot de ne pas initier les démarches.

Du pop corn et du presque champagne local pour fêter le dit courrier.

Le parcours n’a rien d’évident, et pour tout dire il n’est pas encore tout à fait fini (nous attendons encore nos cartes !). Mais l’essentiel est là : nous avons reçu le courrier officiel tant attendu le mois dernier. Il nous a fallu près de 18 mois au total pour passer toutes les étapes – obtention et validation des justificatifs, test de français pour Sarah, sélection par l’agence fédérale, réalisation des différentes obligations (visite médicale, saisie des empreintes digitales), etc. Ça a été un drôle de parcours, avec ses couacs (en particulier un e-mail primordial envoyé par l’administration mais qui n’est jamais arrivé dans notre messagerie) et ses incertitudes, mais bref, nous y sommes, et c’est notre première bonne nouvelle !

Vous allez me dire: c’est bien beau cette histoire de statut, mais du coup que faites vous après le mois de juin ?! Quid de Sarah et de son contrat ? Vous voyez juste, car la deuxième bonne nouvelle est la prolongation du contrat du Dr. Sarah Cohen-Gogo pour deux années supplémentaires. Et avec ça, l’opportunité/la chance/le mérite – elle précisera si elle veut 😉 – de se voir attribuer de plus larges responsabilités (elle le mérite bien, j’ai une femme formidable, etc. mais vous le saviez déjà !).

En conséquence, le « On verra bien » initial, prévu pour 2020, a été reporté à 2022, hu hu.

Les enfants dans tout ça s’en tirent vraiment bien. Léonor profite de cette période de confinement pour travailler son français avec ses parents (« c’est pas possible ! », « peux tu m’aider ? », « je peux avoir de la mayonette ? » (pour la mayonnaise))… tandis qu’elle bosse son anglais avec ses frère et sœur. La fidèle Peppa Pig a quant à elle l’avantage d’être bilingue, selon l’humeur du moment.

Gabriel et Élisabeth affichent leur amour fraternel par presse interposée (Le petit quotidien, 24 avril 2020)

De leur côté, Élisabeth et Gabriel ont migré sans trop de mal vers l’école à la maison, alternant écran et exercices imprimés sur papier. Gabriel a maintenant son ordinateur, sur lequel il passe plusieurs heures tous les matins et participe aux vidéo confs organisées par sa maitresse. Élisabeth, ayant lu plusieurs fois « absolument tous les livres de la maison », se réjouit de la réouverture prochaine de la bibliothèque. Pas d’angoisse particulière pour l’année prochaine, les appréciations des maitres.ses sont très positifs pour les deux. Si cela aurait été l’entrée au collège en France pour Gabriel, ici ce n’est que le passage en « Grade 6 », dans la même école de quartier. Easy.

Il restait mon cas. Après avoir été un malheureux chercheur d’emploi puis un livreur à vélo, j’ai été embauché en février 2019 au sein de la petite équipe fulfillment du Snakes & Lattes, une enseigne locale de cafés de jeux de société.

Je passe sur les circonstances et les détails, mais avec Olivier, qui avait eu à l’époque l’idée folle de me recruter à ses côtés, nous avons créé en ce début d’année notre propre société, Pick & Pack Logistics, à peu près en même temps que nos emplois précédents prenaient fin. Et c’est la troisième bonne nouvelle de ce billet : après avoir été informaticien, consultant, puis un heureux contractuel de la fonction publique, me voici donc officiellement entrepreneur !

Notre activité consiste concrètement à envoyer des jeux de société à des particuliers au Canada. Soit que ces derniers ont acheté directement auprès des éditeurs (nous avons notamment l’inventaire au Canada de Cards Againt Humanity et The 7th Continent, pour les plus connus), soit qu’ils ont participé à leur campagne de financement, généralement sur Kickstarter. Les amateurs de jeux de société comprendront sans doute de quoi je parle ! Plus d’un an après mes débuts dans le milieu, j’ai le sentiment d’avoir encore pas mal à apprendre en termes de logistique, mais à l’inverse mes compétences informatiques ne sont pas inutiles en ce moment.

Un vélo, un train. C’est parti !

Nous nous sommes finalement trouvé un entrepôt en bordure de Mississauga, une petite ville de 700 000 habitants limitrophe de Toronto. Le transport au quotidien est plus long (je passe de 20 à 40 minutes de vélo, et j’y ajoute 20 minutes de train…), mais le fait de travailler à son compte vaut bien quelques sacrifices. 😉 Nous y avons démarré notre activité fin mars, avec la ferme intention de faire notre chemin, en offrant le meilleur service possible (tout un programme vous me direz, mais c’est sincère !).

Si vous êtes curieux d’en savoir plus, nous tenons sur notre site une rubrique d’actualités, avec leur lot de photos (l’occasion de remercier encore Charlotte pour son aide !), ainsi qu’un compte Twitter et une page Facebook.

Voici donc pour les nouvelles de notre petite famille. Nous ne savons pas où l’avenir nous mènera, mais nous avons un programme alléchant pour les deux années qui viennent, a minima. Et ce sera à Toronto !

© Élisabeth pour le rainbow.
Ça va bien aller pour l’inspiration. 😉

Toronto #17 : back to school!

3 septembre 2019, c’est la rentrée !

Voici venu le temps de notre deuxième rentrée des classes à Toronto – j’enfonce une porte ouverte, mais le temps passe vite.

Ce mois de septembre sera bien sûr sans commune mesure avec le précédent: nous connaissons l’école, le centre de loisirs, avons une idée des premiers événements de l’année… et surtout les enfants sont tellement à l’aise en anglais!

La semaine dernière, je suis allée au cinéma avec les deux grands voir The secret life of pets 2 (Comme des bêtes 2, nous vous le recommandons chaudement!) et je suis a peu près sure qu’ils ont compris 95% du film. Incroyable chemin parcouru en un an. On nous avait prévenus, mais à l’échelle de ses propres enfants c’est toujours un peu difficile à croire.

Léonor n’est pas en reste, elle chante de nombreuses comptines en anglais apprises à la crèche, mais enrichit quotidiennement son vocabulaire avec des mots dans les deux langues: « voila » « merci » « chaussette » « papa » « tétine » mais aussi « come! » « shoe » « apple » « mine!! »

Cet été, nous avons eu l’immense plaisir de voir et accueillir ici de nombreux visiteurs – je pense qu’il n’y a pas eu un jour « creux » entre le 4 juillet et le 28 août. Merci à Caroline, Olivier, Isabella, Vivian, Marie, Jonathan, Rosa, Julien, Sandra, Paco, Joan, Marion, David, Mila, Dana et Jacqueline – nos soirées estivales canadiennes ont été bien plus belles grâce a vous. Nous avons pu découvrir London, Detroit, Leamington et profiter des rues, parcs et iles de Toronto tous ensemble. La maison reste grande ouverte pour ceux qui voudraient tester des températures plus fraiches (certains ont déjà mis des options sur novembre et mars, mais je n’en dirai pas plus).

Le mois de septembre sera également bien rempli côté travail des grands avec de nombreux projets qui se poursuivent au SickKids; je vais avoir la chance de passer quelques jours à Montréal pour un congrès et un de mes projets bénéficie du soutien de l’hôpital via le Garron Family Cancer Centre. A mon échelle, l’équilibre entre vie professionnelle et vie de famille est bien plus facile a trouver ici, et c’est très précieux.

Le quotidien de Guillaume est actuellement un peu plus incertain, mais il en dira peut-être plus le moment venu. 🙂

Très bonne rentrée à vous tous et à très vite pour de nouvelles aventures automnales!

Les couchers de soleil canadiens c’est beau comme ca.

Toronto #16 : noces de coton (ou de muguet, c’est selon)

On est encore le 17 juin ici – plus pour très longtemps – alors je prends mon courage à deux mains* pour écrire ce billet que je m’étais promis.

Le 17 juin 2018, vers 18h heure locale, nous avons atterri ici bas. Un an plus tard, quel sentiment domine ?

Et bien… nous ne sommes pas si mal, je crois ! Je ne m’attarde pas sur le détail de nos situations individuelles, mais globalement elles vont bien et surtout elles ne font que s’améliorer. Cela n’a pas été toujours facile hein. Les familles et les amis nous manquent indéniablement – plus encore que le vin, le fromage et la charcuterie, toutes ces choses délicieuses qui coûtent un bras ici. Mais pour autant, nous avons (re)trouvé un bel équilibre de vie.

Je ne sais pas si nous pourrions expliquer très clairement pourquoi nous avons fait le choix de partir. C’était sûrement la belle opportunité au bon moment, de celle qui donne des regrets si on ne la saisit pas. Elle nous a conduit à nous alléger de plein de choses, notamment matérielles, et à revenir à un certain essentiel : nous cinq. Au grand désespoir de nos deux pré-ados (dans ce domaine là, Élisabeth paraît bien précoce :D).

CQFD.

Aujourd’hui, je pense pouvoir dire que nous nous sommes, tous les cinq, attachés à cette nouvelle vie, à cette ville (let’s go Raptors !) et ce pays, à cette école, à cette.s nouvelle.s langue.s, à ces nouveaux amis (à ceux qui-repartent-déjà) et ces nouveaux collègues.

Un an après, la mise à l’épreuve s’avère concluante. La première saison des Gogo à Toronto aura été celle de la formation générale. Place maintenant à l’approfondissement ! (il y a une dédicace ici, sauras-tu la retrouver ?)

A suivre donc. 🙂

* à défaut de quatre, puisque Sarah est en goguette professionnelle cette semaine… Ce billet n’engage donc que moi. 🙂

PS : pour ceux qui ont suivi, aujourd’hui ce sont donc aussi nos… treize ans de mariage. Tin-tin.

En cadeau pour ceux qui ont lu ce billet jusqu’au bout : une vidéo exclusive et rare de nous cinq partageant un moment sportif intense. Je vous aurais prévenu.

Toronto #15 : Chicago #1

Il y a une deux trois semaines (le temps passe un peu trop vite), c’était March Break dans les écoles d’Ontario. Soit dit en passant la seule semaine de vacances des enfants entre Noël et l’été. Sarah et les kids auraient bien aimé fêter la presque fin de l’hiver aux Caraïbes ou en Floride, comme ça se fait pas mal ici, mais vraiment – vraiment – ce n’était pas dans nos moyens du moment. Alors Sarah a cherché un peu et a eu l’idée d’aller voir l’autre côté de la frontière, du côté de… Chicago.

Chicago jusque là pour moi, ça se résumait à Al Capone version Tintin en Amérique, le souvenir adolescent des Chicago Bulls de Michael Jordan, et le froid polaire qui s’est abattu récemment sur la ville (voir Toronto #13). Autant dire que je partais de loin. 🙂 Sarah, forte d’avoir vu l’intégrale d’Urgences en VF puis en VO, semblait mieux rencardée – je charrie à peine. La ville est à 1h30 d’avion depuis l’aéroport du centre ville de Toronto. Ce n’était pas hors de prix. Banco.

Sarah, à son habitude, nous dégote un hôtel confortable et central. Une seule chambre, suffisamment grande pour faire tenir deux lits doubles et un autre de bébé, et suffisamment robuste pour endurer notre horde de barbares – dîner compris – cinq jours et quatre nuits durant. Et tant pis pour les soirées des parents.

BRAAAHAABRAAAHAABRAHAAA. Fait le métro qui passe…

Le programme n’était pas vraiment arrêté et s’est fait au jour le jour. En arrivant de l’aéroport, les premières images de la ville impressionnent : la skyline, au loin d’abord et dont on se rapproche progressivement, puis, une fois arrivé en centre-ville, le métro surélevé qui fait une boucle (le Loop).

Le bazar est dans son jus, et c’est notamment ça qui fait son charme extraordinaire. Certaines rues du centre ville, qui ne sont pas toujours très larges, sont littéralement couvertes par la vieille armature métallique du métro. Et quand un métro débarque, c’est le vacarme. J’ai trouvé ça très beau, et assez bluffant dans son genre.

Deuxième impression : les immeubles ont la classe. Alors que les deux villes ont une taille comparable, le centre ville de Toronto ressemble à côté à celui d’une aimable ville de campagne. Renseignement pris, Chicago a vu naître les premiers gratte-ciels du monde, à la fin du 19ème siècle, après qu’un incendie a ravagé la ville. Lire à ce sujet l’article wiki sur l’école de Chicago.

Toujours sur l’architecture, gros coup de cœur personnel et chauvin pour la Tribune Tower, interprétation moderne de… la tour de beurre de la cathédrale de Rouen ! Allez vérifier, la parenté est indéniable. 😉

Dans un style très différent, la Marina City, deux tours jumelles en forme d’épis de maïs, tout en béton mais grandes ouvertes sur la ville. Tellement visionnaires et en même temps représentatives des années 1960. J’adore.

Ils ont eu la bonne idée de rassembler plusieurs de ces bâtiments le long de la rivière. Le Riverwalk est du coup un passage obligé. On l’a fait à la tombée du jour, c’était vraiment très beau.

Photo de famille

Dans le grand parc central de la ville, le Millenium Park, il faut aussi voir la statue métallique en forme de haricot, le Cloud Gate. On a lu qu’elle imite une goute de mercure liquide. Les immeubles des alentours s’y reflètent et s’y déforment, c’est curieux et poétique. La sculpture attire en tout cas la foule.

Il y a aussi le Navy Pier. Je n’ai découvert le principe du pier qu’assez récemment, lors d’un mémorable week-end entre copains à Brighton. C’est concrètement une jetée, posée au milieu d’une plage, qui sert de lieu de divertissement. C’est aussi une tradition britannique au charme certain, bien qu’un peu vieillot. A Brighton, une des deux jetées a été plus ou moins abandonnée, puis a brûlé, et il n’en reste plus que le squelette aujourd’hui, juste devant la plage. A Chicago, ça a été notre premier étape. La jetée n’a pas forcément le charme de ses homologues anglaises, mais les Américains ont mis les moyens : grande roue, musée pour les enfants, une serre, des dizaines de boutiques, bars, restaurants, etc. Ce qui ne change pas, c’est la beauté des vues que cela offre sur la ville et sur le large. Notamment quand le lac est en partie gelé.

Sue-sue-nette

Autre visite indispensable avec des enfants : Sue, paraît-il le plus grand T-rex du monde, et tout le musée d’histoire naturelle autour. Très chouette, on a été content d’y passer une matinée pluvieuse.

Et puis il y a la nourriture. Une des spécialités à Chicago est la deep dish pizza. C’est, comme son nom l’indique, une pizza, mais petite en diamètre et épaisse comme une quiche. Compter 40 minutes pour la cuisson ! Mais l’attente est largement récompensée, on s’est vraiment régalé.

Nous en avons aussi profité pour visiter ces adresses qui n’ont pas (encore) passé la frontière canadienne, comme les hamburgers de Shake Shack (on en avait fait un compte rendu photo ici en 2010, depuis New York 🙂 ) ou le supermarché Trader’s Joe, où tu as envie de tout acheter et qui avait la bonne idée d’être en bas de l’hôtel.

Entre chacune de ces balades, un vent à décorner les bœufs – normal pour une ville surnommée Windy city, et des températures oscillant entre -5 et +15.

C’était bien. :)

Toronto #14 bis : addendum

C’était dans l’air quand j’ai publié le billet précédent : j’ai finalement signé mon premier contrat torontois à temps plein !

Je ne crache cependant pas sur ces deux mois de livraison à vélo. Les mercis, les sourires, et -de temps à autres- les pourboires resteront de bons souvenirs. Tout comme la compassion des employés de resto quand il neigeait et/ou faisait -10 dehors, ou encore leur empressement à finir la commande quand j’arrivais en avance, afin que je puisse répartir vite et ne pas perdre trop de temps… Je m’en doutais avant de m’y mettre, mais c’est un métier dur, où il est difficile physiquement de travailler plus de 4h par jour et où le salaire brut peine à dépasser les 20$/h (soit 13€), où la précarité est la loi. Quand Léonor était malade ou mon vélo cassé, je ne pouvais pas travailler et je n’avais pas de salaire, c’est tout.

Bref, quand vous commandez à manger, pensez-y au moment de laisser un pourboire (même symbolique), car c’est uniquement grâce à ça que les livreurs gagnent un peu plus que le salaire horaire minimum !

Et maintenant donc ? Je travaille pour le Snakes & Lattes, une chaîne de cafés-jeux de société.

Pour les curieux j’ai trouvé cette vidéo de présentation, en français. Je passe les détails mais merci le réseau des Français, grâce auquel j’ai pu trouver ce boulot. Je rejoins l’équipe de distribution / expédition (vente en ligne et autres…), mon lieu de travail sera donc l’entrepôt. Autant dire que ça va me changer, une nouvelle fois.

Par ailleurs, je viens de trouver un bouquin à la biblio qui semble traiter avec une certaine pertinence des problèmes que j’ai rencontré pour trouver un boulot : What Color is your Parachute? En gros, pour ce que j’en ai lu jusqu’à maintenant, ça dit qu’il faut arrêter avec les CV en réponse à des offres d’emploi, ça ne marche (pratiquement) plus de ce côté-ci du monde, et ce depuis dix ans ! Voilà, comme ça vous savez aussi.

Toronto #14 : où il est question de ranger sa fierté au fond de sa poche

Assez bavardé, cette fois on va parler d’un sujet sérieux (ooouuuhhh).

J’avais la chance en France d’être serein concernant le boulot : homme, blanc (faut dire ce qui est), parisien, pas encore trop vieux, avec un diplôme reconnu et ce qu’il faut d’expérience – et quelques compétences, paraît-il, dans ce qu’on appelle les systèmes d’information… Le portrait robot du type qui doit pouvoir se trouver un boulot confortable en quelques jours, s’il n’est pas trop difficile.

Et puis, et puis nous sommes venus ici, à l’étranger, et il m’a fallu chercher un boulot. Sans réseau, expérience ni diplôme canadien… Ou comment passer de l’autre côté du miroir. Un recruteur français de Toronto m’avait prévenu l’hiver dernier : « attention les Français peuvent mettre six mois à trouver un boulot, même quand ils ont une bonne expérience en France. Il va te falloir rencontrer du monde ». Boarf.

La première étape en arrivant, faire son CV. Ici on dit resume. Traduire un CV n’est pas évident : la mise en forme du document et les attendus sont différents, et le vocabulaire et les expressions professionnelles sont parfois très particuliers. Mon métier en France c’est l’« assistance à maîtrise d’ouvrage en systèmes d’information » (si si – ici on dit IT Business Analyst, ou encore Business Systems Analyst). Déjà à expliquer à des Français c’est tout un art, alors le faire dans une autre langue… 😑

Mais, surtout, ce que j’ai compris un peu tardivement, c’est l’automatisation de la sélection. Pour chaque offre de cadre publiée par une grande boîte, les centaines de candidatures sont classés par un ordinateur, en fonction, pour l’essentiel, d’un certain nombre de mots clés attendus. En pratique, si on n’a pas pris de temps d’identifier les mots attendus et de les intégrer dans son résumé avant de l’envoyer -> poubelle. Comme probablement 90% de mes candidatures de l’automne dernier. C’est arrivé à un tel point qu’il m’a été conseillé de me payer un abonnement sur jobscan.co (60$/mois!), qui te donne à la volée le pourcentage de correspondance entre ton résumé et telle offre, et te liste les mots à y rajouter… La ligne entre l’enrobage et le pipeau est parfois un peu ténue.

Deuxième difficulté : la cover letter, comme on appelle ici les lettres de motivation. Je n’étais jamais très à l’aise avec cet exercice de style en France, c’est pire ici. Elle n’est pourtant pas toujours requise, mais on se dit que sans lettre, on va forcément louper le job auquel 200 personnes ont candidaté…. Et surtout, les Canadiens ont une capacité beaucoup plus naturelle que nous à se (sur)vendre : « c’est pourquoi je suis vraiment le candidat parfait et idéal etc. ». Il ne faut pas mentir mais, en même temps, faire profil bas c’est inquiéter le lecteur. Il y a la une vraie différence culturelle, que Sarah a du intégrer fissa dans l’écriture de ses papiers.

Troisième difficulté : n’avoir ni réseau ni première expérience canadienne. Et ça, c’est vraiment compliqué à surmonter. Tous les immigrants expérimentés y sont confrontés. Une bonne partie (la majorité ?) des offres n’est en fait même pas publiée, les employeurs faisant d’abord appel à leurs réseaux de connaissances. On m’a expliqué d’ailleurs qu’ici on ne vire pas tant les nouvelles recrues par manque de compétences, que par manque de « savoir être ». Il faut être un collègue sympa, et que les gens se souviennent de toi plus tard pour le boulot qui s’ouvre. Avoir et développer son « réseau » est donc un passage obligé, par le bénévolat, les groupes de discussion (connaissez vous les toast masters ?) et les autres activités sociales…

Voilà pour les éléments de contexte. Entre septembre et décembre j’ai ainsi envoyé au moins 200 de candidatures restées sans réponse, pour plein de postes différents, et j’ai un peu craqué moralement. Juste une poignée d’entretiens, surtout téléphoniques, restés dans lendemain. J’ai donc changé de stratégie en janvier. Le matin, je retourne sur les bancs de l’école en prenant des cours d’anglais à la TSDB, comme les enfants ! Au déjeuner, je bosse comme livreur à vélo, pour doordash ou foodora. Pourquoi ce boulot ? Parce qu’en tant que vieux cycliste, j’étais curieux de faire cette expérience là, que le recrutement est facile et rapide, que l’emploi du temps est souple et que ça ne paie pas si mal, en tout cas quand mon vélo roule et que personne n’est malade à la maison (compter autour de 20$/h autour du dej, quand le salaire minimum est à 14). C’est un peu piègeux quand il y a 10cm de neige dans la rue mais j’ai survécu aux pires journées maintenant. 😉

Et j’ai deux heures l’après midi pour manger, m’occuper de la maison et de la suite pour moi.

Mon profil LinkedIn est à jour avec une jolie photo et ce qu’il faut de mots-clés. J’ai arrêté les candidatures à la chaîne et je me concentre sur les gens que je rencontre. Car visiblement c’est comme ça que ça marche (spoiler : il se pourrait d’ailleurs que ce soit en train de porter ses fruits). Il m’aura juste fallu six mois pour comprendre.

Toronto #13 : polar vortex

Ça ressemble au titre d’un bouquin qui fait peur, ou encore au nom d’un poison inventé dans je ne sais quel laboratoire au temps de la guerre froide.

On a découvert le concept de polar vortex il y a un peu plus d’un mois, en tombant, dieu sait comment, sur le site severe-weather : « sudden stratospheric warming underway« . L’article disait en gros que la stratosphère du pôle nord était en train de se réchauffer, ce qui risquait de pousser vers l’Europe et l’Amérique du Nord un froid polaire dans les semaines suivantes. Initialement j’étais plutôt préoccupé par cette histoire de réchauffement des pôles (si ça ne vous parle pas, renseignez vous c’est un peu flippant), mais le froid polaire en Amérique du Nord… Bon.

Il faut dire que jusque là, en novembre et décembre, nous avions eu un hiver assez clément… Un peu de neige, vers mon anniversaire, mais rien de commun avec les grands froids que nous avions pu expérimenter au Québec lors de nos voyages précédents, et plus particulièrement à Montréal à la fin décembre. On était donc devenu assez serein vis-à-vis de l’hiver torontois, d’autant que les gens d’ici sont souvent rassurants sur le sujet, en mode il ne fait jamais très froid de ce côté ci du Canada.

Bref. Après avoir lu l’article, j’ai du faire une blague facile à Sarah, du genre : « tiens, winter is coming ». Et elle a du répondre en se moquant de moi, que je devrais arrêter de regarder les sites de météo, et me comparer par la même occasion à ma regrettée mamie.

Mais, de fait, severe-weather avait vu juste :

En gros et gras ce sont les… max ! Le matin en allant à l’école, c’est en bleu. 😉

On a donc eu du méchant froid, de la grosse neige, et re-du méchant froid. Avec pour conséquence un week-end planqué dans l’appartement pour cause de la tempête de neige :

A ce niveau de température (-21°C donc, sans compter le vent !), on a beau avoir un bon manteau et de bonnes chaussures, et bien soyez certains qu’on se pèle comme il faut. Surtout quand on compte passer une heure ou deux sur un vélo… (mais ce sera le sujet d’un autre billet)

Les transports en commun, qui pourtant en ont vu passer des belles, ont bien souffert, avec les mêmes polémiques qu’en France dès que le temps sort de l’ordinaire… Comme quoi. Heureusement, n’ayant pas à prendre ni le métro, ni le tram, ni la voiture, nous avons pu nous concentrer sur le charme d’une ville recouverte plus longtemps qu’à l’accoutumée d’un épais manteau de neige.

Les joies de la neige dans son jardin 🙂

Notre Grange Park tout blanc

Toronto vue du 52e étage de la plus haute tour de bureau de Toronto !

Le calme après la tempête, au petit matin

Le pire dans tout ça, c’est qu’on a eu la chance de ne se trouver qu’au bord du dit « vortex polaire », car les voisins de Chicago ont pris encore bien plus cher !

Et puis, comme toutes les bonnes choses ont une fin, le vortex est rentré il y a quelques jours chez lui, au pôle nord, et les températures ont très subitement retrouvé la normale. La neige fond et gèle et re-fond, les virus sont à la fête… Il fait autour de zéro degré, et on se surprend à trouver que c’est finalement une température pas si désagréable. On devient encore un peu plus canadien, quoi.

Pour conclure ce billet, je vous renvoie vers une émission récente de France Culture : Qui doit avoir peur du vortex polaire ? (ça ne s’invente pas !). En ce qui concerne, nous n’avons pas plus peur, mais on n’est pas pressé de se le coltiner de nouveau. 🙂